Bertrand Peycelon, Responsable des assistants et du personnel - 10 février 2010

Je suis arrivé à L’Arche en Agenais en janvier 2002 avec ma famille. Ce fut le temps de la découverte du village, d’une nouvelle communauté, de nouveaux amis. Nous arrivions de Versailles où nous habitions, Christine travaillait à Paris en tant que professeur des écoles, je travaillais à L’Arche d’Aigrefoin comme responsable des assistants.
Cette période fut un mélange d’émerveillement, de découverte mais aussi de déconvenues. L’émerveillement pour une région, une culture, des paysages, des sensations de liberté inconnues, une notion du temps oubliée, nous permettant de prendre du temps, un privilège nouveau.  Des déconvenues, car tout était à reprendre à zéro, notre histoire dans L’Arche, mon histoire personnelle, mes expériences, mes dons et mes limites. Il fallait tout réexpliquer, à nouveau raconter, se faire connaître. Des déconvenues, laissant derrière moi une communauté avec quarante cinq personnes accueillies, dix familles, vingt nouveaux assistants chaque année et découvrant une autre communauté avec 6 personnes, une famille et trois assistants.
Puis peu à peu la refondation personnelle. La mise en place des activités à l’Atelier, les nouvelles personnes à accueillir, les projets de la communauté. Puis le temps passe…vite, très vite.
Le second foyer, quatorze personnes à l’Atelier, puis quinze, dix sept… Une nouvelle histoire qui commence à se construire avec les personnes, les assistants, les anciens, les membres du Conseil d’Administration, les amis de la communauté. Et tout se met en place.
Il est temps alors de voir plus loin. Alors on commence à se projeter dans l’avenir en évoquant un troisième foyer, un nouveau directeur. Je passe alors de ma refondation à la refondation de la communauté. On ouvre le livre de l’Histoire de L'Arche en Agenais, on rend grâce pour le passé, on part tous ensemble en pèlerinage à Lourdes et on regarde l’avenir. Devant nous de nouvelles pages de ce livre à écrire.
Et l’avenir est déjà là !! Un troisième foyer va voir le jour, les besoins de la communauté changent, se développent, des postes se créent et c’est bon de voir la croissance des personnes qui accueillent les changements, c’est bon de voir du mouvement dans les bureaux, c'est bon de voir la confiance réciproque et l’épanouissement de chacun.
C’est bon aussi d’avoir peur des changements d’avoir peur de ne pas être à la hauteur, d’avoir peur de ne pas pouvoir tout faire dans la journée, c’est bon de vivre la frustration. Mais j’aimerais tellement que tout soit bien, que personne ne soit malade, que tout le monde soit content, que chacun soit compétent et diplômé, qu’il n’y ait jamais d’imprévus, que le téléphone ne sonne pas 30 fois par jour, bref que tout soit parfait… Mais ce serait bien triste de vivre comme ça !!

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